Les Américains et leurs armes

En 2009, à Columbine, 13 élèves tués. En 2014, à Sandy Hook, 26 élèves assassinés dont 20 enfants âgés entre 6 et 7 ans. En 2015, à Charleston SC, 9 élèves afro-américains tués. En 2015 à San Bernardino, 14 tués. En 2016 à Pulse Night Club, 49 tués. En 2017 à Las Vega, 60. En 2018 à au lycée de Parkland, 17. Mai 2022, Buffalo, 10. Uvalde au Texas, 19 enfants tués….

Les fusillades de masse me rendent malade. Imaginer le deuil et l’injustice que vivent toutes les familles des victimes, et en particulier ces vies si cruellement arrachées à ces jeunes enfants, me brise le cœur. La vie d’un seul enfant ne vaut pas toutes les armes à feu des États-Unis, ni le 2e amendement de la constitution américaine. Ces assassinats perpétrés par des individus mentalement dérangés ont été rendus possibles par la circulation et l’accès très facile d’aux armes à feu de catégorie militaire aux Etats-Unis.

Aux États-Unis, beaucoup de citoyens vénèrent les armes à feu, et une grande partie de son histoire est faite de violence. Même le langage quotidien des américains contient des expressions en rapport avec les armes à feu : « straight shooter » (franc tireur)  pour parler de quelqu’un de direct, « hired gun » (arme louée) pour un tueur à gage, « stick to your guns » (s’accrocher à ses armes) qui signifie refuser un compromis, « silver bullet » (balle d’argent) pour désigner une solution magique à un problème insoluble, « son of a gun » (fils d’arme) qui est une expression utilisée pour complimenter quelqu’un, « bite the bullet » (mordre la balle) qui signifie avoir le courage de faire quelque chose de déplaisant, etc. Nous adorons nos films d’action et nos westerns, où la justice est rendue à coup de pistolet. Les anthropologues et les sociologues ont trouvé notre fascination pour les armes à feu à l’époque des Pionniers, puis celle de la Guerre Civile et de la conquête de l’Ouest, que nous n’avons jamais vraiment oublié. Le génocide des indiens d’Amérique, les justiciers autoproclamés (viligantes), le Posse Comitatus, la presque extermination des bisons américains ont été rendus possibles grâce à l’accès peu contrôlé à des armes à feu produites en masse.

Les collectionneurs d’armes sont très nombreux aux États-Unis, et les conversations sur les dernières acquisitions sont partagées librement et à cœur ouvert. Beaucoup d’américains parlent de leur collection d’arme comme les français parlent de leur cave à vin ! Dans beaucoup de communautés aux États-Unis, le « rite de passage » à l’âge adulte est centré sur la possession d’une arme à feu. La population américaine représente moins de 5% de la population mondiale. À elle seule, elle possède presque 50% des armes du monde entier.

Dans une culture étrangère, il existe toujours quelque chose d’étrange et d’irrationnel qui peut être difficile à comprendre : la cruauté des corridas en Espagne, les grèves en France, la vénération masculine de la Mama en Italie, etc. Aux États-Unis, c’est l’obsession pour les armes à feu.

Le manque de régulation stricte des armes et la culture de la peur ont créé ce que Charles Blow, journaliste au New-York Times, a si justement appelé « The American Killing Field » (les champs de la mort américains). Alors, de quoi les américains ont-ils peur ? Pourquoi est-il nécessaire de posséder un pistolet ou une armoire remplie d’arme chez soi ? Eh bien, beaucoup d’américains vivent dans l’illusion qu’ils en ont besoin pour protéger leur famille des criminels, des drogués, des immigrants, des personnes d’autres ethnies, etc. Une grande majorité des propriétaires d’arme à feu, ainsi que leur famille, n’ont jamais et ne seront jamais menacés. Ils seraient probablement plus en danger s’ils étaient obligés d’en utiliser pour se défendre.  Malheureusement, cette peur a été alimentée par un grand nombre de politiciens conservateurs de notre gouvernement, la NRA (National Rifle Association), les théories du complot et les groupes de haine sur internet. Les Républicains et les Démocrates sont tous deux responsables du manque de législation sur la régulation des armes à feu : qui peut en posséder, comment elles sont vendues et le type d’arme qui peut être vendu et acheté par la population. La question irrationnelle de la protection du droit de posséder une arme à feu remporte toujours des voix, et beaucoup de voix. Regardons les choses en face : ce pays n’a pas le courage moral de faire voter des lois en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu, même après l’incident de Sandy Hook en 2014, où 20 enfants âgés entre 6 et 7 ans, et 6 professeurs ont été brutalement tués. La réponse de beaucoup de législateurs républicains pour arrêter les tueries de masse est d’armer les « gentils » et les professeurs ! C’est profondément triste et écœurant.

Des livres entiers pourraient être écrits sur cette sombre partie de notre société. Je ne pense honnêtement pas qu’il y ait une solution à cette folie de l’arme à feu.  J’espère seulement que les tueurs de masse ont une place spéciale en enfer, et particulièrement les meurtriers de jeunes enfants. Et ça ne serait que justice que nos législateurs, ceux qui n’ont rien fait pour mettre un terme aux morts insensées de tant de jeunes innocents, en ait également une.

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