Un an de cours sur ZOOM

J’aime donner des cours sur zoom. Mais mes collègues formateurs ne sont pas tous de cet avis.

Du haut de mes 64 ans, je suis loin d’être un « enfant du numérique ». Habituellement, je suis même le dernier à adopter les nouvelles technologies. Je n’aime pas prendre de gros risques, et j’aime le changement, mais selon mes termes. J’aime appeler les gens au lieu de leur envoyer des sms. J’aime les paperboards et les livres. Pourtant, comme tout le monde, je passe tous les jours plusieurs heures sur Internet. Parfois j’adore ça. Parfois je déteste ça. Pour le meilleur ou pour le pire, j’en suis venu à dépendre d’Internet et de tous ses supports associés pour beaucoup de mes activités professionnelles.

En tant que formateur expérimenté, j’ai toujours apprécié d’être en face à face avec les apprenants. Il y a une effervescence et une stimulation que l’on ne peut trouver que dans une salle de classe. Je tire une grande satisfaction de ces échanges intellectuels, les expériences personnelles partagées entre les participants, les émotions et la poussée d’adrénaline quand les choses se passent bien et quand elles se passent mal, et, par-dessus tout, les moments forts. L’accueil des apprenants pour leur première session, le papotage pendant les pauses café, partager des repas avec les participants ; tout cela me manque.

On entend des anecdotes sur les cours par Zoom, Teams ou toute autre plateforme de vidéoconférence qui ont l’air tout droit sorties d’un film d’horreur : les formateurs et les apprenants qui n’ont pas une connexion Internet stable ou les bons outils, peu d’interaction de la part des apprenants, trop de personnes dans de mauvaises conditions de travail, pas assez de contact humain, etc. J’ai essayé la vidéoconférence début 2019 comme une nouveauté, et j’en ai conclu que ça n’était pas pour moi. Puis mars 2020 est arrivé et a tout chamboulé.

Depuis lors, je trouve que Zoom est adapté au nombre limité de participants dans mes classes et séminaires. Pour une formation ou un coaching individuel, je n’ai constaté que peu ou aucun changement au niveau de la qualité d’apprentissage ou de la satisfaction des participants. Pour mes séminaires de 8 à 12 personnes, j’ai remarqué un changement dans les interactions et dynamiques de groupe. Gérer des groupes de 6 à 12 personnes à distance est tout à fait faisable, et l’expérience est assez proche d’une vraie salle de classe. La répartition en demi-groupes pour des activités et des discussions sont faciles à organiser. Alors que la visioconférence est devenue la nouvelle norme pour beaucoup de réunions en interne, j’ai trouvé que mes participants se sont également habitués à ce nouveau média et sont maintenant plus à l’aise et plus concentrés lors des cours.

De plus, la visioconférence permet également aux participants aux quatre coins du monde de participer aux cours et aux réunions. Par le passé, cette démarche aurait été d’un prix exorbitant et nocive pour l’environnement.

En mars 2022, j’ai coaché un client à Rome dans la matinée, et ai suivi une réunion de conclusion pour un séminaire avec 8 participants répartis dans 5 villes de France dans l’après-midi.

Il est vrai que l’atmosphère d’une salle de classe manque un peu aux apprenants, et que les expressions faciales et le langage corporel du formateur communiquent des messages importants. Cependant, en contrepartie, nous avons la possibilité de nous connecter avec les gens et nous pouvons partager plus d’expériences et pratiques personnelles qui sont extrêmement riches et édifiantes.

À ma grande surprise, les discussions sur Zoom sont exactement les mêmes que celles en classe. Je trouve que les participants y parlent plus librement que lors d’un cours classique en « face à face ». Ils semblent prendre plus de risques pour exprimer leurs opinions devant leurs pairs et managers. Ils semblent aussi plus concentrés.

D’un point de vue personnel, les voyages allers retours entre les clients ne me manquent pas : les transports publics bondés, les bouchons imprévus, les nuits à l’hôtel, le TGV à 6h00 du matin. Le code vestimentaire est aussi bien plus « à la cool » pour les instructeurs. Au diable les costumes. Place au chic décontracté ! Enseigner sur Zoom rime avec formation en short en été ! Au fil des ans, j’ai développé une allergie au café horrible des distributeurs automatiques dans les entreprises. Et trouver une table à la cafétéria peut être désespérant. À la maison, je ne suis qu’à quelques mètres d’un café de qualité, et je mange ce que je veux, où je veux, quand je veux.

Les bénéfices pour l’environnement et la sécurité de la formation à distance ne sont pas négligeables.

Bien qu’elle produise toujours une empreinte carbone, elle est beaucoup plus faible que lorsque l’on doit se déplacer. Je n’ai pas besoin de me rendre dans les locaux d’un client, ou d’un apprenant, dans des installations hors site. Le temps perdu dans les transports, ainsi que les risques d’accident et la pollution générée ont été éliminés.

Je sais bien que tous les formateurs n’apprécient pas d’enseigner en virtuel, et que certains apprenants préfèrent aller dans une salle de classe physique, en particulier ceux qui passent plusieurs heures en visioconférence par jour.  Nous avons oublié que les défis d’une salle de classe physique peuvent être aussi difficiles à relever que sur des plateformes de visioconférence. Cependant, la plupart de ces obstacles peuvent être surmontés par de bons outils technologiques, des enseignants compétents et motivés, et la flexibilité et l’ouverture d’esprit des apprenants.

L’industrie de l’éducation s’est vue imposer l’enseignement en ligne de masse. Beaucoup de formateurs et d’apprenants pourraient revenir plus volontiers à d’anciennes méthodes d’enseignement après la pandémie. Je pense cependant que beaucoup d’avantages de la visioconférence vont rester, et que formateurs et apprenants voudront fusionner l’expérience d’un enseignement en classe avec un enseignement en ligne.

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